Zoom sur le processus créatif de Swoon

Pouvez-vous nous rappeler qui vous êtes et quelle est votre pratique artistique ?

Je m’appelle Caledonia Curry et lorsque j’ai commencé à travailler dans la rue en 1999-2000, j’ai pris le nom de Swoon, car la plupart de mes activités étaient illégales et j’avais besoin d’un pseudonyme. Depuis, j’ai passé ma vie créative à poser la question de savoir comment l’art peut faire partie de notre vie quotidienne. J’ai répondu à cette question de dizaines de façons différentes, depuis les affiches de rue et les panneaux d’affichage jusqu’aux flottilles de radeaux et aux projets de reconstruction communautaire de plusieurs décennies, en passant par de petits gestes comme la création d’une série d’émojis qui vivent dans votre téléphone. Je crois tellement en la force créatrice que j’explore constamment comment nous pouvons vivre avec elle et comment elle peut changer nos vies.

Quel est votre parcours, comment avez-vous commencé à créer ?

J’ai commencé à peindre à l’âge de 10 ans. Mon enfance avait été extrêmement instable jusque-là, mais il y a soudain eu une période de tranquillité et ma mère m’a emmené à un cours de peinture. C’était une sorte de cours de peinture à la Bob Ross et j’étais le seul enfant dans une salle remplie de retraités, mais ils m’ont adopté, et j’ai adoré ça ! Les réactions positives et l’attention que j’ai reçues dans ce cours, ainsi que la joie que j’ai vue sur les visages des gens lorsque j’ai ramené les peintures à la maison ont en quelque sorte comblé un besoin très profond que j’avais, venant de l’endroit instable où je me trouvais et à partir de ce moment-là, l’art est devenu le pilier central de ma vie.

Dans votre travail quotidien d’artiste, qu’est-ce qui vous inspire ? Quel est l’élément déclencheur de la création d’une œuvre ?

Le monde entier m’inspire. Vraiment. Je pense que la plus grande joie d’être un artiste est que le monde est tellement plein de richesse et de fascination, que la création artistique devient un moyen d’explorer cela plus profondément. J’ai entendu dire que le vrai bonheur est le résultat de l’attention : être suffisamment attentif pour voir le moment de tendresse échangé entre une mère épuisée dans le bus et l’étranger qui l’aide à soulever sa poussette, ou remarquer la façon dont la lumière filtre à travers les arbres dans les heures qui précèdent le coucher du soleil, ou voir les motifs d’un mythe ancien qui traverse le temps et les différentes cultures. Le monde entier est entièrement rempli de moments et de phénomènes qui s’ouvrent à vous, révélant des beautés et des vérités cachées dès que nous trouvons le moyen de leur accorder le don de l’attention.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous construisez une œuvre ? Quelles sont les différentes étapes de la création ?

La première étape ressemble souvent à une bulle qui s’élève du fond d’un lac. C’est en quelque sorte très lent, comme une chose ancienne, primordiale, qui s’élève pour être vue. Elle prend son temps. Je n’en suis consciente qu’inconsciemment au début, puis, pop ! La bulle éclate à la surface de l’eau et je dis — ahh oui ! C’est ça ! Et maintenant je peux articuler l’idée. Mais ce n’est encore qu’un début. S’il s’agit d’une grande idée, comme la flottille de radeaux ou le film sur lequel je travaille en ce moment, je dois souvent en parler pendant deux ans avant qu’elle ne fasse son chemin. Le fait de parler n’est pas de la procrastination et ne signifie pas que l’idée ne se réalisera pas. Il s’agit simplement de créer l’énergie et la communauté dont j’ai besoin pour faire évoluer le projet. Ensuite, je commence : croquis, maquettes, impressions, dessins, je me mets au travail. S’il s’agit d’une œuvre importante, il y a souvent des collaborateurs, donc des réunions, des planifications et des stratégies à mettre en place. En tant qu’artiste, j’ai besoin de faire des choses comme des dessins et des peintures qui me permettent d’être seul et d’aller au fond de moi-même et j’ai aussi besoin de faire un travail qui me permette de collaborer et de me connecter avec les autres, cela fait partie de ma façon de garder l’équilibre dans la vie.

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Le catalogue de l’exposition « Time Capsule » qui a eu lieu sur Fluctuart est disponible sur fluctushop.fr.