“Pas essentiel” : Rero s’exprime sur le façade du CENTQUATRE

Une fresque pour dénoncer la situation réservée à l’art et à la culture depuis près d’un an, le CENTQUATRE-PARIS comme tous les lieux culturels sont de nouveau fermés depuis fin octobre et jusqu’à nouvel ordre. 

C’est dans ce contexte que l’artiste Rero a souhaité investir la façade du CENTQUATRE afin d’y apposer son lettrage en police Verdana, noir et blanc où il reprend la formule tant entendue ces derniers mois : “PAS ESSENTIEL”. À travers un jeu d’obstruction des fenêtres qui vient créer une véritable frontière physique, Rero cherche ainsi à cacher ce que l’on nous empêche de consommer de manière collective : l’art et la culture.

Né en 1983, Rero s’est imposé depuis plus d’une décennie comme l’un des street artistes les plus importants de la scène française et internationale. Fortement imprégné de philosophie et de sociologie, son travail ne cesse d’interroger les codes de notre société, notamment autour des notions de consommation et d’obsolescence. Des thèmes d’une brûlante actualité. Pour lui :

“Même si c’est dans la douleur, la pandémie est une opportunité unique de se poser clairement la question de ce qui est essentiel dans la vie. C’est un vaste débat, une guerre d’opinions. Je voulais donc exposer la mienne, et le Centquatre était le parfait endroit pour l’exprimer. Ce n’est pas un musée du passé, c’est un lieu multiculturel totalement dans son époque, basé sur un l’échange, la création… Même s’il n’est pas question de remettre en cause les mesures sanitaires, il y a une forme d’injustice à voir aujourd’hui les établissements culturels toujours fermés. L’échange est un besoin primaire pour l’homme…”

José Manuel Gonçalvès, le directeur du CENTQUATRE-PARIS qui a commandé l’œuvre, est clairement du même avis :

Notre situation est évidemment compliquée, et nous avons voulu la traduire par un geste artistique qui barre ce mot terrible qui nous étouffe depuis des mois. Nous étions déjà avec Rero en préparation d’un projet sous la grande nef. Sans l’abandonner pour autant, la situation nous a fait diverger vers autre chose. Nous avons réfléchi à un acte plus frontal, adressé au public plus qu’aux politiques. Un message un peu triste pour leur dire que nous sommes aujourd’hui réduits à ce mot qui nous désole. Mais qui ne nous empêche pas de rester actif : le Centquatre est le plus grand centre de vaccination de Paris, nous accueillons chaque jours des dizaines de personnes âgées !”

L’œuvre est visible depuis ce mercredi 24 février devant le Centquatre, au 104 rue d’Aubervilliers.

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